La nécropsie : un outil à considérer

Cet article a pour objectif de rappeler l’importance pour le médecin vétérinaire de recommander, en toute transparence, la nécropsie à son client lors du décès inexpliqué de son animal. Celle-ci peut s’avérer un outil très utile dans la résolution potentielle de situations conflictuelles.

Le médecin vétérinaire, dans le cadre de sa pratique, doit parfois faire face à des événements aussi difficiles qu’inexplicables. Parmi eux, figure très certainement la mort inattendue d’un animal pendant ou à la suite d’une intervention vétérinaire. Parfois, ni l’anamnèse, ni l’examen complet, ni les résultats de laboratoire ne laissent présager un tel dénouement. Cette situation cause inévitablement des question- nements sur les événements, autant de la part du médecin vétérinaire que du propriétaire. La recherche d’explication prend alors une grande importance. Il n’est pas rare également que lors de ces situations difficiles, le client, aux prises avec de lourdes émotions, n’assimile pas toutes les explications transmises par le médecin vétérinaire au sujet des événements. Rapidement, les émotions prennent toute la place et les interventions effectuées ou les compétences du médecin vétérinaire sont remises en question par le propriétaire éprouvé. Ce dernier cherche à connaître la cause du décès de son animal et, face à l’impossibilité pour le médecin vétérinaire de fournir cette information précise, sa frustration et sa peine s’amplifient.

Tout en faisant preuve d’empathie, le médecin vétérinaire doit faire preuve de diligence et il doit communiquer lui-même avec le client en cas de litige. Il lui incombe de remplir son devoir d’information et de proposer une nécropsie lorsque des questions demeurent sans explication concernant le décès d’un animal. Si l’intervention est acceptée par le propriétaire de l’animal, différentes options peuvent être considérées. Il faut privilégier la nécropsie par un pathologiste vétérinaire d’un laboratoire indépendant, et ce, particulièrement en cas de litige, afin qu’il n’y ait pas apparence de conflit d’intérêts. Il est également possible de faire appel à un confrère pratiquant dans le même établissement, ou non, afin de procéder à la nécropsie.

L’important est de respecter les principes de transparence et d’intégrité professionnelle. Le coût de ces interventions demeure imputable aux clients. Par contre, rien n’empêche le médecin vétérinaire de faire preuve d’ouverture et de négocier un arrangement afin de tenter d’élucider une mort subite. Toutefois, si, à la demande du client, le médecin vétérinaire accepte de faire lui-même la nécropsie, il doit s’assurer d’avoir d’abord informé le client sur l’option idéale soit la réalisation d’une nécropsie par un laboratoire indépendant. Il doit également prendre le temps de clarifier les attentes du propriétaire et d’expliquer les limites de son intervention (par exemple lors de nécropsie macroscopique seulement).

De plus, lors d’une mort subite à la suite de l’administration d’un médicament (un vaccin par exemple), il est nécessaire de rapporter les événements à la compagnie pharmaceutique concernée et de vérifier auprès d’elle la procédure à suivre en vue d’une nécropsie dans un laboratoire indépendant.

Les protocoles de nécropsie pour les différentes espèces sont décrits dans la littérature, ainsi que les moyens pour conserver les échantillons recueillis. Effectuer l’intervention peu de temps après le décès demeure un facteur primordial pour optimiser la qualité de celle-ci, surtout chez les grands animaux où la congélation n’est pas possible. Même si les animaux doivent être congelés, les pathologistes vétérinaires arrivent très souvent à tirer des conclusions et poser un diagnostic.

En résumé, le médecin vétérinaire doit faire preuve de transparence et d’intégrité et il a le devoir de recommander, à la suite du décès inattendu d'un animal, la réalisation d'une nécropsie comme un moyen diagnostic permettant d'identifier la cause du décès et d'offrir des réponses aux questions du propriétaire endeuillé. Cela aidera à prévenir et dénouer des situations conflictuelles. Lors d’une réclamation en assurance responsabilité professionnelle, cette précaution s'avère fort importante.