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Examen avant prescription, saviez-vous que...?
Déontologie, lois et règlements Information sur la pratique Pharmacie Tenue de dossiersDécouvrez si l'examen est toujours nécessaire avant de prescrire!
Dans certaines circonstances, il n’est pas absolument nécessaire d’examiner l’animal immédiatement avant de prescrire un médicament.
Surpris?
Le Code de déontologie des médecins vétérinaires prévoit que le médecin vétérinaire doit s’acquitter de ses devoirs professionnels avec intégrité (article 9). À cette fin, il doit notamment : « ne poser un diagnostic, n’instaurer un programme prophylactique ou ne prescrire des médicaments qu’après avoir personnellement effectué un examen approprié de l’animal ou d’une population d’animaux. »
Toutefois, l’article ne précise pas d’intervalle de temps entre l’examen et la prescription. En effet, la seule limite de temps définie par la règlementation provient du règlement sur les ordonnances des médecins vétérinaires, qui précise que le nombre de renouvellements d’une ordonnance ne doit pas excéder une période d’un an.
Pourquoi?
Le Code de déontologie laisse place au jugement professionnel du médecin vétérinaire.
En effet, le médecin vétérinaire est un professionnel qui doit agir avec intégrité et compétence. À ce titre, il doit être en mesure d’évaluer si le dernier examen de l’animal ou de la population d’animaux lui permet de justifier la prescription d’un médicament donné ou encore s’il doit procéder à un nouvel examen au préalable. Afin de justifier sa décision, il pourra s’appuyer sur d’autres obligations déontologiques importantes telles que l’obligation de chercher à obtenir une connaissance complète des faits avant de donner un avis, d’obtenir un contentement éclairé de la part du client, de bien informer ce dernier, d’agir dans le respect des normes de pratique reconnues.
Mais en pratique, qu’est-ce que ça veut dire?
Dans certaines situations, un médecin vétérinaire pourrait rédiger une ordonnance alors que l’examen date de quelque temps. Il pourrait aussi prévoir, lors de l’examen initial, une ordonnance qui pourrait servir plusieurs mois plus tard.
Exemple 1
Un chat de 3 ans est présenté en janvier pour son examen annuel. L’examen ne révèle aucune anomalie, il n’y a pas eu de changement significatif depuis la dernière visite, le style de vie est stable et aucun changement n’est anticipé pour la prochaine année. Si le médecin vétérinaire le juge pertinent, il peut soit :
- prescrire à l’avance un médicament préventif contre les puces qui servira au printemps prochain;
- attendre au printemps pour s’assurer qu’aucun signe d’une contre-indication n'est survenu depuis l'examen et le prescrire sans revoir l'animal.
Exemple 2
Un chien de 10 ans examiné il y a six mois, et dont l’examen ne démontrait aucune anomalie, présente pour la première fois de sa vie des symptômes de boiterie. Le client souhaite qu’un traitement soit prescrit, sans examen préalable. Considérant qu’il s’agit d’une nouvelle condition, et que le médecin vétérinaire a l’obligation déontologique de chercher à avoir une connaissance complète des faits notamment en faisant un examen et les tests appropriés, il ne serait sans doute pas indiqué de prescrire des médicaments sans examen préalable.
Un animal ou une population d'animaux
L’article 9 indique qu’il peut s’agir d’un animal ou d’une population d’animaux. Un médecin vétérinaire pourrait donc prescrire des médicaments pour plus d’un animal à la fois, s’il a examiné la population d’animaux. Il n’est pas nécessaire d’avoir examiné chaque animal faisant partie du groupe.
Pourquoi ?
Encore une fois, le code de déontologie laisse place au jugement professionnel du médecin vétérinaire, qui doit par ailleurs prendre cette décision en tenant compte de ses autres responsabilités déontologiques.
Mais en pratique, qu’est-ce que ça veut dire?
Un médecin vétérinaire pourrait, dans certaines circonstances, examiner un ou quelques animaux, et prescrire un médicament à tous les animaux du groupe.
Exemples :
- Traiter une portée de chatons pour la teigne alors qu’un seul a été examiné.
- Traiter un groupe d’animaux de refuge pour des coccidies - ou autre parasite intestinal - identifiés sur un sujet.
- Prescrire des vermifuges à utiliser selon un protocole de médecine préventive dans un élevage bovin avec lequel le médecin vétérinaire maintient une relation vétérinaire-client-patient valide.
- Traiter tous les chevaux d’une écurie après avoir diagnostiqué un cas de dermatophilose sur un sujet.
Conclusion
Un médecin vétérinaire n’a aucune obligation de prescrire pour une longue durée ou pour un groupe d’animaux s’il ne peut le justifier professionnellement. Agir avec discernement s’avère essentiel. Sa décision tiendra compte du contexte et aussi de la présence – ou non - d’enjeux relatifs à la pratique vétérinaire tels que l’antibiogouvernance ou une pénurie de médecins vétérinaires, par exemple. Dans tous les cas, le médecin vétérinaire est appelé à privilégier les soins aux animaux qui en ont vraiment besoin. En ce sens, il est utile de rappeler cette marge de manœuvre du praticien, qui s’applique aisément en matière, notamment, de soins préventifs.
Questions?
Si vous avez des questions concernant ce sujet, n'hésitez pas à communiquer avec l'équipe du Service de l'amélioration de l'exercice : dev.prof@omvq.qc.ca.