Passer la navigation du site
La télémédecine auprès des grands animaux
Déontologie, lois et règlements Information sur la pratique Pharmacie Tenue d'un établissementVous avez une question? Transmettez-nous votre question portant sur un enjeu concernant la pratique de la médecine vétérinaire et elle pourrait être publiée, pour aider vos collègues qui font peut-être face au même dilemme!
La question du jour :
Un nouveau client potentiel me demande d’effectuer une consultation par télémédecine pour son troupeau (qui est situé dans une région loin de chez moi), et ainsi pouvoir lui prescrire les médicaments nécessaires pour l’application d’un programme de médecine préventive et des protocoles de traitements. Est-ce acceptable?
La réponse en bref : Pas vraiment!
La question est cependant tout à fait légitime puisque le Guide d’application de la télémédecine vétérinaire indique ceci : « Une relation médecin vétérinaire-client-patient (RVCP) peut être établie, si le médecin vétérinaire le juge adéquat, par consultation audiovisuelle. ». On pourrait donc penser que la réponse à la question est oui. Mais attention, le guide stipule également que la télémédecine constitue l’exercice de la médecine vétérinaire et que le médecin vétérinaire qui choisit d’offrir des services à distance doit respecter les mêmes exigences que lorsqu’il agit en présentiel.
Quelles sont ces exigences?
Celles du Code de déontologie des médecins vétérinaires :
Un médecin vétérinaire doit exercer selon les normes de pratique reconnues et en conformité avec les données actuelles de la science. Il doit élaborer son diagnostic avec grande attention et s’abstenir d’utiliser des moyens de diagnostic ou de traitement insuffisamment éprouvés. De plus, il doit chercher à obtenir une connaissance complète des faits avant de donner un avis et doit avoir réalisé un examen approprié de l’animal ou du groupe d’animaux avant de prescrire des médicaments. Il doit également exercer un contrôle efficace des médicaments et faire preuve d’une disponibilité et d’une diligence raisonnable après avoir prescrit un traitement.
Force est de constater que, dans un contexte de médecine de troupeau (qu’il s’agisse d’un troupeau de bovins ou de chats!), l’évaluation de l’environnement est d’une importance cruciale. En effet, dans le cas des bovins par exemple, l’hygiène, la ventilation, le système de traite s’il y a lieu, le type de stabulation, les pâturages, l’alimentation, etc., auront tous une incidence importante sur les programmes de médecine préventive et les protocoles de traitement. De même, des correctifs apportés à ces éléments pourraient permettre de diminuer significativement les besoins en médicaments. Il serait donc important de sensibiliser ce client potentiel au fait qu’un médecin vétérinaire n’est pas qu’un distributeur de médicaments. Ses connaissances et son professionnalisme en font un allié majeur dans la gestion d’un troupeau, la prévention et le traitement des maladies.
En conclusion, bien que la relation client-médecin vétérinaire-patient puisse, théoriquement, être établie virtuellement, ce n’est pas l’idéal dans plusieurs cas, incluant dans un contexte de prescription de médicaments pour un troupeau, puisqu’il est difficile pour un médecin vétérinaire, dans un tel cas, de respecter ses obligations déontologiques.
La télémédecine est un outil additionnel à la disposition du médecin vétérinaire, mais elle n’est pas appropriée à toutes les situations. Le médecin vétérinaire doit faire preuve de discernement et l’utiliser dans les situations qui s’y prêtent, dans le respect de ses obligations déontologiques, et en considérant le meilleur intérêt des animaux et de leur propriétaire.